Ce que j’en dis :
Elaborée vers 1890, présentée au Salon de 1893, cette sculpture, l’une des plus audacieuses de Camille Claudel, est ma préférée. Comme sa créatrice, elle est libre, elle s’affranchit des règles classiques et de l’emprise des maîtres (dont Rodin, qui à l’époque n’est plus son amant et envers qui elle commence à exprimer quelque sentiment de haine). Elle réunit pour moi la passion vive des sentiments et la subtilité intellectuelle (d’une danse dite « de société » sacrément revisitée ici), la violence de l’ivresse brute et la douceur de la grâce infinie, ainsi qu’un nombre incommensurable des contradictions qui nous composent, nous, humanoïdes en quête de sens.
Volontaire et fragile, tourbillonnant hors de tout carcan, cette œuvre est le symbole d’une vie, le testament que Camille nous a laissé. Dois-je rappeler que pour son comportement déviant, sa santé fragile due à une précarité sociale injustement subite, Camille Claudel fut emprisonnée dans un asile (où elle n’eut plus droit de sculpter) à partir de 1913 et ce jusqu’à sa mort en 1943, soit pendant trente ans ? … Anne.
Ce qu’en disent les critiques :
« L’art français n’a qu’une issue : inventer ou périr(…). L’originalité tant désirée, l’originalité, effroi des esprits inféodés à la routine et incapables d’un jugement personnel, (…) la voici rencontrée grâce à La Valse et à Clotho de Melle Claudel. Que l’invention, pour hors du commun et séduisante qu’elle soit, ne fasse rien négliger à la beauté plastique des deux ouvrages » - Roger Marx, en 1889, critique pour La Revue Encyclopédique.
« On découvre au-delà de l’ambition allégorique [de la sculpture], un rythme Art Nouveau; (...) Le travail sur le mouvement et l’équilibre (…) vise à transmettre l’illusion que ses personnages ne sont plus assujettis aux lois de la gravité. (…) La sculpture de la Renaissance, qui était encore un modèle d’inspiration pour les Beaux-Arts, préconisait que la dynamique de l’œuvre soit basée sur un mouvement de spirale se développant autour de l’axe vertical de la forme humaine. Dans La Valse, cet objectif est atteint par l’excentration de la figure par rapport au plan vertical et au regard du spectateur. » - B. Gaudichon C . Claudel dans l’art de son temps – Camille Claudel 1864-1943, Gallimard 2008.
Et pour en savoir plus :
http://www.musee-rodin.fr/images/feuille_de_salle/salle6_fr.pdf